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Présent, avenir, structuration du marché Fintech: focus sur l'écosystème qui vient chambouler les banques

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Miser sur la coopétition

Les banques l'ont bien compris. Elles sont plus lourdes et peinent à se renouveler. "La solution n'est pas de digitaliser les banques mais, pour les banques, de créer un modèle digital", assure Alain Clot, président de France Fintech. "C'est culturel, explique Grégoire Lestapis, ancien directeur général de la banque BBVA France (lequel a rejoint récemment Lendix). Pour être une banque digitale, il faut que tous les postes de direction soient occupés par des digitaux et non des banquiers."

Une agilité qui n'est pas forcément codée dans l'ADN de toutes les banques traditionnelles, mais celles-ci s'adaptent. Longtemps à l'abri, en France, grâce une réglementation protectrice du système en place - ce qui n'est plus le cas - et une culture du one-stop-shop dont elles bénéficiaient, elles sont désormais soumises à une concurrence bien plus forte. Et pas uniquement des fintech françaises. Après une première phase distante, elles les observent maintenant avec attention, voire collaborent avec ces dernières. Les fintech inspirent les banques.

D'où un étrange jeu, entre concurrence et collaboration: la coopétition, qui a fait émerger un certain nombre de partenariats, à l'instar de la stratégie de BBVA. La banque espagnole prend des participations plus ou moins importantes dans certaines start-up "pour compléter notre offre de service soit sur une base géographique soit par segment", souligne Grégoire de Lestapis, qui a aussi monté son propre fonds d'investissement de capital venture, à San Francisco. "Ce fonds, qui travaille de manière indépendante, nous permet de regarder 800 dossiers par an, c'est une source d'information énorme et un outil de veille fantastique."

Difficile de savoir combien de partenariats sont signés entre fintech et acteurs traditionnels ou même d'en connaître le contenu dans le détail. Mais une certitude demeure: les lignes bougent. "De nombreuses ­fintech de l'association ont été approchées par des grandes banques et assureurs", confie Alain Clot. Une tendance à la structuration et à la concentration de ce petit marché en plein essor qui devrait se confirmer ces prochaines années.

GAFA: et si les concurrents des banques n'étaient pas ceux que l'on croyait?

On oppose facilement fintech et banques traditionnelles alors que la réalité du jeu de la concurrence est probablement bien plus complexe et là où on ne l'attend pas. "Les véritables concurrents des banques sont les GAFA", affirme Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance. "Et pas uniquement les géants américains mais aussi les Chinois comme Baidu, Alibaba ou Xaomi", ajoute-t-il.

Ils possèdent la force de frappe, la puissance clients, ils maîtrisent une quantité innombrable de données - de même que les banques, c'est aussi pour cela que les activités financières pourraient intéresser ces nouveaux entrants - et détiennent déjà les techniques et équipes pour se lancer. Ils ont d'ailleurs déjà fait une belle percée sur les activités des moyens de paiement. La seule chose qui les retienne encore, selon Grégoire de Lestapis, ancien directeur général de BBVA France: "Ils n'ont pas du tout envie d'intervenir sur un secteur aussi réglementé."

>> À lire aussi: [Tribune] Les Fintech, laboratoires externalisés des banques?

Sophie Biri Julien

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