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DAF : relier les chiffres, les hommes et la vision à la table des décisions

Publié par Sophie Hauret et Fabrice Coudray le - mis à jour à

Dans cette tribune exclusive, Sophie Hauret et Fabrice Coudray, Directeurs Executive Search chez Robert Half reviennent sur le rôle du Daf, qui a su évoluer pour devenir un véritable acteur clé de la stratégie d'entreprise, installé à la table des décisions.

Le profil du Directeur Administratif et Financier (DAF) évoluant dans l'ombre est aujourd'hui largement dépassé. Gardien du coffre et garant des chiffres, il incarne avant tout la rigueur technique et la maîtrise des règles comptables. Depuis quelques années, et plus encore depuis la crise sanitaire, son rôle a basculé. Le DAF est devenu un acteur clé de la stratégie d'entreprise, installé à la table des décisions.

La transformation digitale, l'instabilité économique et géopolitique, ainsi que la pression réglementaire, mettent les dirigeants à rudeépreuve. Les marges de manoeuvre se sont resserrées et les attentes des actionnaires se sont intensifiées. Face à ces défis, les entreprises ont besoin d'un DAF capable de porter une vision, de comprendre le business dans sa globalité et de parler d'égal à égal avec les directions générales, les administrateurs et les actionnaires.

Un vrai profil de leader est attendu

Le DAF d'il y a trente ans n'existe plus. Il doit aujourd'hui être un ambassadeur, un porte-voix de la stratégie d'entreprise, un allié. Sa mission va au-delà de la fiabilité financière qu'il doit de facto assurer ; il rend les chiffres intelligibles, leur donne une voix et les connecte à la réalité opérationnelle de l'entreprise. Les deux compétences clés de ce nouveau DAF qui lui permettent de s'imposer comme un véritable business partner sont la capacité à rendre intelligible les données et à embarquer les équipes.

Dans ce rôle élargi, le DAF est devenu polymorphe. À l'image de Shiva, il jongle entre la maîtrise des fondamentaux financiers, la fine compréhension des enjeux IT et de gestion de projet, l'interaction avec les départements de l'entreprise, mais aussi la faculté de représenter l'entreprise en externe. Ce profil hybride répond à un besoin croissant : être à la fois l'expert technique et le stratège capable d'accompagner la transformation de l'entreprise et son développement.

Demain, l'Intelligence Artificielle viendra encore renforcer cette évolution. D'après la dernière enquête du Boardroom Navigator "Les objectifs des Comités de Direction pour 2035", près de 50 % des dirigeants interrogés par Robert Half envisagent un modèle hybride où l'IA sera un outil d'aide à la décision, mais qui ne pourra pas se substituer à leur jugement, et seuls 10 % anticipent une automatisation complète. Autrement dit, l'IA libérera du temps d'exécution pour permettre aux DAF de se concentrer sur l'analyse, la projection et la vision.

Le DAF restera donc un maillon essentiel du pilotage stratégique. Les leaders de demain devront associer expertise technique, intelligence émotionnelle et capacité à donner du sens. La finance, par essence, traverse tous les enjeux de l'entreprise : gouvernance, transformation digitale, résilience opérationnelle, gestion des talents.

Le DAF sort définitivement de l'ombre. Plus qu'un gardien des comptes, il est devenu une figure centrale du pilotage de la transformation. Un stratège de confiance, capable de relier les chiffres, les hommes et la vision.