DAF : quelle posture pour accéder à la DG ?
Publié par Stéphanie Gallo le - mis à jour à
Marine Voyer est la nouvelle directrice générale d'Ellisphère, un des leaders de l'information économique. Elle occupait, jusque-là, la fonction de directrice financière puis de directrice générale de Veraltis France. Elle revient sur cette évolution de carrière et livre quelques clés de réussite.
Vous venez d'être nommée directrice générale d'Ellisphère (50 M€ de CA et 320 collaborateurs), entreprise spécialisée dans l'information économique B2B. Avant d'arriver à cette fonction, vous avez d'abord eu un parcours presque purement financier. Comment avez-vous franchi ce cap ?
En réalité, la transition a été progressive. J'ai commencé ma carrière chez EY, au département restructuring, pendant 6 ans. Puis j'ai rejoint le bureau d'études environnement Burgeap, au contrôle de gestion. Cela m'a permis de voir la partie applications et de mettre en place des process d'amélioration, je suis aussi intervenue sur des filiales en Afrique. Et puis, après trois ans, j'ai été approchée pour le poste de DAF chez Veraltis France, une entreprise spécialisée dans l'acquisition de créances et le recouvrement. C'était une création de poste, il y avait donc tout à faire. Je suis restée 10 ans dans cette entreprise et entre temps, elle a beaucoup grossi en passant de 60 à 140 salariés.
J'ai évolué progressivement, en prenant la casquette de DAF puis en ajoutant celle de directrice des investissements. J'ai structuré les process, automatisé la partie comptabilité et mis en place des outils de contrôle financier. En effet, la croissance était importante et nécessitait de nombreuses dépenses ans l'acquisition de créances. J'ai beaucoup travaillé sur les sujets de modélisations etc. Mi-2023, le directeur général de l'entreprise, Nicolas Da Costa a été nommé président et moi, je lui ai succédé à la direction générale.
Et c'est justement avec Nicolas Da Costa que vous avez pris récemment les manettes d'Ellisphère, dans la même configuration : lui comme président, vous comme directrice générale. Vous avez donc l'habitude de travailler ensemble.
Oui, effectivement, nous avons travaillé ensemble plus de dix ans, nous savons nous répartir les rôles et les missions. Notre ambition pour Ellisphère est d'accélérer sa croissance sur chacune de ses lignes de métiers et de renforcer sa place de leader stratégique en poussant notamment son savoir-faire technologique autour de la data.
Selon vous, quelles sont les compétences nécessaires pour qu'un DAF puisse évoluer vers une mission de direction générale ?
Je crois qu'il faut être capable d'élargir sensiblement son champ de vision en s'intéressant aux sujets de structuration, de business, de commerce, de marketing et communication etc. Le DG, en interne comme en externe, représente l'entreprise dans son intégralité, on attend donc de lui qu'il soit capable de couvrir des sujets très différents en passant d'un thème à l'autre en permanence toute la journée. C'est une gymnastique qu'il faut aimer et dont il faut être capable. Il faut savoir également, et ce n'est pas toujours facile au début, adopter vraiment la posture du dirigeant qui donne une voie, qui accepte parfois de prendre en risque, d'assumer un moins bon résultat avec un objectif à long terme de croissance.
Le contexte de société de services d'une part, et de LBO d'autre part, sont plutôt favorables à une transition de la direction financière vers la direction générale.
Il est dommage de devoir parler encore de ce sujet en 2025, mais la réalité ne pouvant être occultée, la question mérite d'être posée : comment vit-on cette transition en tant que femme ?
Ce n'est pas nouveau, cela fait longtemps que je dois faire de grosses journées. Et très honnêtement, je pense que c'est moins facile pour une femme. Mais je me suis organisée, en travaillant, souvent, le soir depuis la maison. Cela m'a permis d'avoir une belle évolution de carrière sans être passée à côté de mes enfants.
En quoi, votre passé de DAF vous aide-t-il dans votre job de DG ?
C'est une plus-value très intéressante car les chiffres permettent d'asseoir une stratégie, c'est incontestable. L'ensemble de mon parcours me sert aujourd'hui. A noter d'ailleurs : chez Ellisphère, je vais également assurer la supervision de la fonction finance.