Experts-comptables : une profession sous tension face au défi de la santé au travail
Le Baromètre Santé 2025 du CEG et Malakoff Humanis révèle une profession sous pression : 92 % des collaborateurs stressés, 69 % avec des troubles du sommeil, 43 % confrontés à des comportements addictifs. Organisation et prévention deviennent des leviers clés d'attractivité RH.

Le premier Baromètre Santé 2025, mené par le Club des Experts du Chiffre et Malakoff Humanis, livre un constat sans appel : la santé au travail est un enjeu désormais central pour les cabinets d'expertise comptable. La charge de travail, les délais, le stress et les déséquilibres vie pro-vie perso affectent massivement les équipes, posant la question de la durabilité du modèle organisationnel de la profession.
Le chiffre le plus marquant est sans doute celui-ci : 92 % des répondants se déclarent sujets au stress au travail, un taux très supérieur à la moyenne nationale. Les principales causes identifiées sont la tenue des délais et la gestion des clients, deux dimensions structurelles du métier.
Le stress s'accompagne d'impacts concrets sur la santé : 69 % ressentent des symptômes physiques (fatigue, troubles du sommeil, maux de tête, tensions musculaires), et 43 % déclarent développer des comportements addictifs liés au stress : grignotage, excès de café, tabac, voire alcool.
Équilibre vie pro-vie perso
La surcharge de travail reste un facteur aggravant. Si une majorité juge sa charge de travail raisonnable, plus d'un tiers estime qu'elle ne l'est pas. Les chefs de mission, managers et associés apparaissent particulièrement en "surchauffe".
L'équilibre vie pro-vie perso est également mis à mal : 37 % des répondants jugent cet équilibre insatisfaisant. Plus d'un sur deux travaille régulièrement en dehors des heures de bureau, et 71 % déclarent penser la nuit à leurs dossiers, perturbant leur sommeil. Dans les grands cabinets, cette proportion grimpe encore.
La santé physique obtient une note moyenne de 6,98/10, la santé psychologique tombe à 6,49/10. Les grandes structures affichent les scores les plus faibles, avec une aggravation des troubles liés à la sédentarité et à la fatigue.
Le sommeil est un autre maillon faible : 61 % estiment ne pas dormir assez et plus de la moitié jugent leur sommeil perturbé. La fatigue diurne concerne près de sept professionnels sur dix, accentuée par le rythme des échéances fiscales et sociales.
Prévention et qualité de vie au travail
Si le climat social est jugé positif par une large majorité et que la qualité de vie au travail recueille un niveau globalement satisfaisant, les attentes restent fortes : demandes d'augmentations salariales, meilleure reconnaissance, mesures de conciliation vie pro-vie perso.
Pourtant, près de sept cabinets sur dix n'ont mis en place aucune action de prévention santé (stress, sport, alimentation). Seule une minorité encourage la pratique sportive ou propose des mesures concrètes de déconnexion.
Trois catégories apparaissent en première ligne :
- les chefs de mission,
- les managers et responsables de bureaux,
- les experts-comptables dirigeants et associés.
Ces profils cumulent forte charge de travail, pression des échéances et déséquilibre vie pro-vie perso. Ils incarnent les points de tension où l'épuisement professionnel guette le plus.
Vers une nouvelle culture managériale ?
Pour les DAF comme pour les dirigeants de cabinets, ce baromètre révèle que la santé au travail dépasse le seul sujet RH. Elle est au coeur de l'attractivité, de la performance et de la fidélisation des équipes. Les cabinets qui réussiront demain seront ceux qui auront compris que la productivité ne se joue pas uniquement dans les logiciels ou l'automatisation, mais aussi - et peut-être surtout - dans la capacité à préserver la santé physique et mentale de leurs collaborateurs.
En conclusion, le Baromètre Santé 2025 trace une ligne rouge claire : l'expertise comptable est une profession engagée mais fragilisée. À l'heure où les cabinets peinent à attirer et retenir les talents, faire de la prévention et du bien-être une priorité ne relève plus du confort, mais d'un impératif stratégique.
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