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6 PME étrangères au management atypique

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Loin des (trop) traditionnels organigrammes et autres hiérarchies pyramidales, certains patrons décident de casser les codes du management en libérant leurs employés de la hiérarchie et du contrôle. Le but ? Accroître la performance de l'entreprise. Tour du monde en 6 exemples.

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La confiance paie aux États-Unis

Gravity Payments, fondée il y a une dizaine d'années à Seattle par le jeune Dan Price, est devenue célèbre dans le monde entier quand, au printemps dernier, celui-ci a rendu public son incroyable décision de diviser son salaire par 14 afin que tous ses employés gagnent chacun 70 000 dollars par an. Au-delà de ce coup médiatique, cette société de services de paiement laisse une immense liberté à sa centaine d'employés, qui gèrent chacun leurs horaires, et prennent autant de vacances qu'ils le souhaitent quand ils le souhaitent.

Sa spectaculaire décision a fait des vagues au sein même de l'entreprise : certains employés, estimant injuste le fait de doubler le salaire de nouvelles recrues, devenant autant payées que les plus anciens, ont claqué la porte. Dan Price a dû recruter, et, quelques mois plus tard, estimait que la productivité avait significativement augmenté, tout comme le nombre de clients. Résultat : des bénéfices qui ont doublé en quelques mois.

Morning-star

Plus au Sud, le transformateur de tomates Morning Star est un excellent exemple d'entreprise libérée dans le secteur secondaire. Dans les trois usines de cette société fondée dans les années soixante-dix par Chris Rufer, alors étudiant en MBA à UCLA, s'affairent quelque 400 personnes.

Personne ne supervise personne, n'importe qui peut émettre un ordre d'achat à condition de justifier du retour sur investissement. Une autogestion qui s'étend à la dotation en personnel. Les "collègues" , puisqu'ils s'appellent ainsi, sont responsables de l'initiation d'un processus d'embauche quand ils se trouvent surchargés ou qu'un nouveau rôle est à pourvoir.

Because they're happy

Au Royaume-Uni, la société Happy Ltd propose notamment des services de training informatique avec une conviction de base : c'est la peur de l'échec qui empêche d'essayer. C'est d'ailleurs après un échec professionnel qu'Henry Stewart, que l'on retrouve sur les réseaux sociaux sous le pseudo @happyhenry, a créé Happy à la fin des années quatre-vingt, pour diffuser sa philosophie de création de "happy workplaces". Convaincu qu'on "travaille mieux quand on est bien dans sa peau" et que "l'envie d'apprendre ne disparaît pas à l'âge adulte", l'auteur du "Happy Manifesto" encourage la "désobéissance" qui porte souvent ses fruits. Les échecs sont célébrés pour inciter les collaborateurs à tenter des choses, même si c'est parfois pour le pire.

Pour autant, certains ayant besoin de quelqu'un vers qui se tourner, des managers ont été élus. Happy joue à fond la transparence, avec des réunions régulières où l'information financière est donnée... avec des jouets "pour que chacun comprenne bien comment il contribue au profit". De même, les salaires sont publics.

Côté recrutement, peu d'annonces sont publiées, Happy misant plutôt sur les candidatures spontanées... sachant que les CV sont bien moins étudiés que le potentiel à effectuer du training à la Happy, évalué lors de sessions collectives. Et pour que les collabo­rateurs soient certains de leur chance, Happy Henry a décidé de donner à tous une journée payée pour du bénévolat.

Ils croient au Père Noël... et ça marche !

La Finlande est surreprésentée dans le haut du tableau des "great places to workg" en Europe, à l'image de Vincit à Tampere, au sud-ouest du pays. Cette entreprise de 140 collaborateurs, qui conçoit des logiciels, a pour devise depuis sa création en 2007 : "Embaucher le lundi matin ne devrait pas être une corvée." Dans cette boîte où les clients comme les employés doivent être plus heureux que la veille, il n'y a que des "passionate leaders", qui affichent leur sourire éclatant sur le site internet. Il n'existe, d'ailleurs, pas de titre officiel, chacun s'intitule comme il le souhaite et peut faire imprimer de nouvelles cartes de visite à sa guise. La mention "passionate" n'est pas obligatoire et l'on peut rencontrer un "dispassionate software developer".

De même, il n'y a pas de limite aux investissements qu'un collaborateur peut réaliser sur sa propre initiative, à condition, bien sûr, que la structure puisse se le permettre, mais aussi qu'il améliore la vie du plus grand nombre. Ici, pas d'omerta sur les salaires, dans le respect de la loi finlandaise une autorisation de les publier est demandée tous les six mois... et accordée. Dans cette boîte où le mot "rêve" est employé au quotidien, si d'aventure un collaborateur est mécontent, il peut toujours appuyer sur le smiley correspondant sur le buzzer "happy or not" qui rend compte de l'humeur de chacun...

L'Australie a du coeur

Dans ce pays-continent où la décontraction est de mise, plusieurs entreprises vont plus loin dans le management participatif, comme Atlassian, société de logiciels qui propose des produits pour la gestion de développements et de projets. Créée en 2002 par deux étudiants, Atlassian a séduit la Nasa ou Twitter avec ses produits mais aussi sa philosophie, affichée sur son site internet. Cette entreprise qui invite ses "Atlassians" à dire tout haut ce qu'ils pensent organise chaque trimestre des brainstormings avec food trucks et brasseur invité pour tirer le meilleur d'eux-mêmes en 24 heures. Pas de règles, juste des résultats. Enfin si, une : 1 % des bénéfices reversés à des organismes de bienfaisance et des congés pour effectuer du bénévolat.

Physioco

La philanthropie est également au coeur du projet The Physio Co, entreprise de services à la personne pour les seniors. Son dirigeant, Tristan White, mise sur la physiothérapie... et une culture d'entreprise très forte. "Culture is everything" est d'ailleurs le titre de son blog où il dispense des conseils aux managers : célébrer les succès personnels et professionnels des uns et des autres, libérer la parole... Les valeurs de ce triathlète "Ironman" ont valu à l'entreprise de figurer parmi les "great places to work in Australia". Et ainsi attirer de nouveaux candidats.

Amélie Riberolle

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