La dimension stratégique des prévisions de trésorerie

Les crises récentes ont montré l'importance de la prévision de trésorerie en période d'incertitude. L'instabilité économique, accentuée par la hausse des taux, la volatilité des devises et l'inflation, exige des entreprises une anticipation rigoureuse pour ajuster leur stratégie financière.

Dans un contexte économique marqué par des incertitudes croissantes, les prévisions de trésorerie acquièrent une importance stratégique incontournable pour les entreprises. Les récentes crises sanitaires et géopolitiques ont souligné la nécessité pour les entreprises de s'appuyer sur des prévisions solides afin d’anticiper leurs besoins en liquidité et de sécuriser leur solvabilité financière.

Les défis des directions financières

Les directions financières se retrouvent confrontées à plusieurs défis pour améliorer la qualité de leurs prévisions. La fiabilisation des données, l'augmentation de la fréquence des prévisions et l'extension de l'horizon des projections sont autant de défis à relever. Par ailleurs, la modélisation de scénarios alternatifs devient essentielle pour préparer l'entreprise à divers aléas économiques. Malgré les imperfections inhérentes aux prévisions, celles-ci demeurent un outil indispensable pour assurer la pérennité de l'entreprise.

Deux objectifs, deux horizons

Les prévisions de trésorerie à court terme visent à évaluer la capacité de l'entreprise à faire face à ses échéances imminentes, telles que le paiement des fournisseurs, des cotisations sociales (URSSAF) et des salaires. Elles permettent également d'optimiser le placement des excédents de trésorerie ou de négocier les meilleures conditions de financement. De plus, ces prévisions aident à anticiper les besoins importants de trésorerie afin de prévenir une éventuelle cessation de paiement.

Les prévisions à moyen et long terme ont pour objectif d’optimiser la rentabilité financière de l’entreprise. Elles guident le choix du meilleur financement pour les investissements, qu’il s’agisse d’autofinancement, de levée de capital ou de recours à la dette. Elles permettent également de fournir aux partenaires financiers des informations sur les flux financiers futurs générés par l’activité, renforçant ainsi leur confiance dans la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements.

Deux modèles de prévisions

L’approche directe par les encaissements/décaissements se base sur l'historique des flux de trésorerie, incluant les cycles d'encaissements et de décaissements, avec des ajustements périodiques pour affiner les prévisions. Elle se caractérise par un suivi quotidien ou hebdomadaire, avec un horizon de court terme, offrant une fiabilité optimale sur une période de deux à treize semaines.

L'approche indirecte, ou financière, repose sur les budgets comptables prévisionnels. Elle consiste à déterminer la trésorerie générée par l'activité en partant de l'excédent brut d’exploitation, ajusté des éléments non monétaires et fiscaux. Les prévisions sont établies sur un rythme trimestriel ou mensuel, avec des actualisations en cours d'année. Cette méthode offre une fiabilité optimale sur un horizon de six mois à un an.

Quelle méthode choisir ?

Bien que les deux méthodes puissent sembler opposées, elles sont en réalité complémentaires. L'approche directe est plus couramment utilisée par les trésoriers, en raison de l'accessibilité des informations relatives aux encaissements et décaissements, contrairement aux budgets comptables souvent difficiles à ventiler mensuellement ou trimestriellement. Lorsqu'une seule méthode est utilisée, c'est généralement l'approche directe qui est privilégiée.

Cependant, il est essentiel de confronter les résultats obtenus par les deux approches pour analyser les écarts et améliorer la précision des prévisions. Théoriquement, les résultats des méthodes directe et indirecte devraient être identiques, mais en pratique, il existe des divergences qui doivent être analysées pour affiner les prévisions.

Les outils et technologies pour faciliter les prévisions

L'adoption d'un logiciel dédié à la prévision de trésorerie offre plusieurs avantages. Il permet la centralisation des données, avec la possibilité de saisie décentralisée, un gain de temps grâce à des aides à la saisie, des règles d'éclatement et de glissement, ainsi que des algorithmes et de l'intelligence artificielle pour faciliter la génération des prévisions et des simulations de scénarios alternatifs. De plus, l'automatisation de l'intégration, de la restitution et de la consolidation des données améliore la fiabilité et la traçabilité des prévisions.

En conclusion, les prévisions de trésorerie sont devenues un élément stratégique pour les entreprises dans un environnement économique incertain. Les outils modernes permettent de surmonter les difficultés associées à ce processus, offrant aux entreprises les moyens d'améliorer la précision de leurs prévisions et d'assurer leur résilience financière.

 

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