Face à l'instabilité géopolitique, les CFO semblent garder leur sang-froid mais surveillent le cash
Publié par Stéphanie Gallo le - mis à jour à
Les Français ont le sang chaud dit-on. En revanche, les CFO français réussiraient à garder leur sang-froid en matière de gestion de l'instabilité géopolitique. Bien mieux que leurs homologues européens.
C'est en tout un des enseignements de la dernière étude Deloitte/OpinionWay « De la lucidité à l'action : la maîtrise du risque géopolitique par les directeurs financiers » réalisée auprès de 101 CFO d'entreprises françaises enregistrant plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires et de 1.542 CFO issus de 14 pays européens.
« Il est urgent d'attendre »
En effet, si 63% des directeurs financiers français placent les risques géopolitiques au deuxième rang de leurs préoccupations majeures (derrière l'inflation et devant la réduction de la demande) et que 39% disent avoir constaté un impact direct des risques géopolitiques sur leur activité (contre 19,5% en moyenne en Europe), ils sont en revanche proportionnellement bien moins nombreux à juger l'incertitude élevée (44% en France contre 64% ailleurs en Europe). Pourquoi une telle différence de perception ? « La France a une exposition historiquement beaucoup plus forte à l'international que de nombreux pays européens, avec donc une plus grande maturité, une plus grande expérience », analyse Mansour Belhiba, Senior partner et CFO program leader chez Deloitte.
Grande agilité
Dans ce contexte, près de 40% des CFO français optent pour une plus grande agilité plutôt que pour des bouleversements profonds de leur organisation. « En synthèse, il est urgent d'attendre car de nombreuses données viennent rebattre les cartes en permanence. Les CFO français estiment qu'il est actuellement plus pertinent d'investir dans leurs capacités d'adaptation plutôt que de rebâtir continuellement de nouvelles stratégies », analyse l'expert de Deloitte.
Cette position se traduit par des priorités réajustées en faveur de la transformation numérique afin de disposer d'armes technologiques plus efficaces pour fiabiliser les données et mieux piloter les décisions (et les risques évidemment). En contrepartie, seuls 22% des CFO français font de l'adaptation de leur supply chain une priorité stratégique, même si, un certain nombre de relocalisations/repositionnements de sites industriels/de fournisseurs stratégiques ont déjà été opérées. « Le travail sur la supply chain nécessite des investissements souvent conséquents, sur plusieurs années. Cela demande une réflexion approfondie ».
Résultat, 37% des CFO expliquent n'avoir pris aucune mesure concrète. Non par inertie assure Deloitte mais par incertitude. « 81% des CFO français considèrent que la période actuelle n'est pas favorable à une prise de risque accrue sur leur bilan. Le pilotage est actuellement en mode agile et adaptatif, plutôt que basé sur des réponses structurelles irréversibles. Il est crucial actuellement de préserver sa trésorerie et de s'assurer que ses investissements à travers le monde soient bien assurés et cadrés avec un retour sur investissement plus rapide qu'autrefois, la possibilité de rapatrier le cash, des clauses de sorties etc ».