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Retards de paiement : un risque majeur pour la trésorerie des entreprises

Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à

Le rapport 2025 de la CCI Paris Île-de-France alerte sur l'impact des retards de paiement. Facturation électronique, affacturage et affacturage inversé apparaissent comme des leviers clés, mais la prévention et la régulation restent insuffisantes pour protéger les trésoreries fragiles.

Les délais de paiement restent l'un des talons d'Achille de l'économie française. Dans son rapport publié en septembre 2025, la CCI Paris Île-de-France dresse un état des lieux préoccupant : les retards de règlement continuent de fragiliser les entreprises, en particulier les TPE-PME, et exposent les dirigeants financiers à un risque accru de tensions de trésorerie.

La Banque de France estime qu'un quart des défaillances d'entreprises est lié aux retards de paiement. Au-delà du simple décalage de trésorerie, il s'agit d'un facteur de fragilisation systémique : tensions avec les fournisseurs, perte de confiance des partenaires, et dans certains cas, impossibilité d'honorer les engagements fiscaux et sociaux.

La CCI rappelle que la France reste dans la moyenne européenne, mais loin des "bons élèves" comme l'Allemagne ou les Pays-Bas. Si la réglementation fixe un délai légal de 60 jours, dans les faits, les pratiques dérogatoires persistent, notamment dans les relations entre grands donneurs d'ordre et petites structures.

Facturation électronique : frein ou accélérateur ?

L'instauration progressive de la facturation électronique, prévue à partir de 2026, constitue un tournant. Pour la CCI, il s'agit d'un outil ambivalent : perçu par certains comme une contrainte administrative, il peut devenir un accélérateur de simplification et de sécurisation des flux financiers. Le rapport recommande un accompagnement renforcé des entreprises pour réussir cette transition : aides à l'équipement, tutoriels, webinaires, relais de proximité. L'objectif : éviter que la réforme ne creuse les écarts entre grandes entreprises déjà outillées et TPE encore en retard.

Le recours à l'affacturage connaît une forte progression. Cet outil de financement, qui permet aux entreprises de céder leurs créances pour obtenir immédiatement de la trésorerie, s'impose comme une solution incontournable face à l'allongement des délais.

Le rapport note toutefois une inégalité d'accès : les grandes structures en bénéficient largement, tandis que de nombreuses PME hésitent encore à y recourir, faute d'information ou par crainte du coût.

Autre mécanisme mis en avant : l'affacturage inversé. Ici, c'est le donneur d'ordre qui initie le processus en permettant à ses fournisseurs de céder leurs factures à un organisme financier. Une pratique vertueuse, qui sécurise la chaîne d'approvisionnement tout en réduisant la pression sur les plus petites entreprises. Pourtant, le dispositif reste marginal en France, alors qu'il est davantage utilisé dans d'autres pays européens.

Recommandations : un appel à l'action

La CCI Paris Île-de-France formule plusieurs recommandations clés :

- Accompagner la mise en oeuvre de la facturation électronique pour en faire un levier de compétitivité plutôt qu'une contrainte.

- Encourager les bonnes pratiques contractuelles, en imposant la formalisation des conditions de paiement dès la contractualisation et en généralisant l'usage d'outils de suivi automatisés.

- Mobiliser les outils financiers adaptés : affacturage, affacturage inversé, cession Dailly et assurance-crédit doivent être mieux connus et plus facilement accessibles.

- Renforcer la régulation : la CCI appelle à consolider les pouvoirs du Médiateur des entreprises, à durcir les sanctions contre les mauvais payeurs et à envisager la création d'un fonds de soutien pour les TPE/PME victimes de retards. Ce fonds pourrait être financé par les amendes infligées aux entreprises fautives et servir à soutenir les structures les plus fragiles.

Au-delà des dispositifs financiers et réglementaires, la CCI insiste sur la responsabilité partagée entre acteurs économiques. Les DAF ont un rôle central : négocier des délais réalistes, sécuriser les flux via des outils digitaux et dialoguer avec les partenaires financiers pour anticiper les tensions.